Voici une comédie très fraîche comme les Français en font peu, à la manière des comédies américaines. L’histoire est prévisible mais on ne s’ennuie pas un instant aux côtés de Rose et de Louis, son patron. Elle a du répondant, beaucoup de charme, c’est difficile d’avoir le dernier mot avec elle.
Bref, c’est une très jolie vision des années 50, où les femmes entraient enfin en masse dans le monde du travail salarié et commençaient à accéder à l’autonomie que donne un métier.
Et pour nous qui sommes tous aujourd’hui sur nos claviers d’ordinateurs avec plus ou moins de dextérité, (avec combien de doigts tapez-vous?), c’est aussi la découverte de ces compétitions pleines de suspense qui opposaient des dactylos entraînées comme des sportives de haut niveau ! J’adore le geste qu’elles font en relevant leurs mains du clavier quand la cloche de fin des épreuves retentit ! Le tout filmé avec un sens du rythme, des plans et des couleurs.
Transcription :
- Etre secrétaire, c’est moderne. C’est rencontrer un tas de gens (1), faire le tour du monde (2), travailler pour de grands hommes.
- Enfin, si vous travaillez pour moi, vous ferez simplement le tour de Lisieux (3).
- Agence Echard et Fils, j’écoute.
- Elle est comment, alors ?
- Vous êtes une secrétaire lamentable (4).
- La seule chose que je fais vraiment bien, c’est taper à la machine.
- Enfin taper à la machine, c’est le minimum pour une secrétaire !
- Je ne pense tout simplement pas que votre avenir soit auprès de moi, à moins que vous acceptiez de faire un petit quelque chose.
- Si vous pensez que c’est aussi facile que ça de m’avoir dans son lit !
- C’est là que je vous veux. Pas dans mon lit !
- Particper à un concours ?
- Pas participer. Gagner ! Je vous entraîne, je prends tout en charge (5). (Plus vite) Je vous installe chez moi.
- On se croirait dans Autant en emporte le vent (6).
- Tu crois vraiment que je vais lui donner des cours de piano !
- Tu lui plais, Louis.
- Et elle te plaît.
- Rose ne doit penser qu’au championnat ! Elle se rend pas compte (7) du don qu’elle a. Je peux mettre le monde à ses pieds.
- Vous croyez vraiment que vous êtes l’homme de la situation (8) ?
- Tu comptes (9) l’appeler encore combien de fois avant de comprendre qu’il décrochera jamais ? N’importe quel homme qui passe à côté (10) de toi est un imbécile.
- Elle a l’impression que je me sers d’elle, à part que (11) c’est pour elle que je fais tout ça.
- Vous pensez vraiment que la vitesse dactylographique est un sport ?
Quelques détails :
1. un tas de gens : beaucoup de gens (familier, employé à l’oral)
2. faire le tour du monde : voyager dans le monde entier.
3. Lisieux : petite ville de Normandie, très provinciale (par opposition à la vie parisienne), où on imagine qu’il ne se passe rien de passionnant.
4. lamentable : très mauvais. Ce terme est fort et très critique.
5. Prendre en charge quelque chose : s’occuper de quelque chose, en prendre la responsabilité.
6. Autant en emporte le vent : c’est la traduction française du titre du roman de Margaret Mitchell (et du film de Victor Fleming) Gone with the wind.
7. Se rendre compte de quelque chose : comprendre quelle est la situation, ce qui se passe. Louis pense qu’elle n’a pas conscience du don qu’elle possède en tapant si vite.
8. L’homme de la situation : la seule personne capable de gérer tous les problèmes liés à une situation particulière et d’obtenir un résultat, un peu comme un sauveur.
9. Compter faire quelque chose: avoir l’intention de faire quelque chose. Par exemple, on peut dire: Tu comptes rester combien de temps ? / Que comptes-tu faire une fois là-bas ? / Il compte partir quelques mois à l’étranger et chercher du travail.
10. passer à côté de quelqu’un: ne pas se rendre compte de la valeur, des qualités de cette personne. On dit aussi, avec le même sens: passer à côté de quelque chose.
11. À part que = sauf que
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