viernes, 2 de octubre de 2015

"Pagnol, c'est le poète de Marseille, il est Marseille."


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"Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers"

( Garlaban, c'est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du plan de l'Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée de l'Huveaune.)

C’est par ces images que Marcel Pagnol commence ses Souvenirs d’enfance. Si l’on veut comprendre son œuvre, il faut d’abord étudier son enfance et marcher sur les pas du petit Marcel dans les paysages de la Provence dont il a su capturer l’essence profonde et la beauté de son âme paysanne. 


Marcel Pagnol naît le 28 février 1895 à Aubagne, près de Marseille. Fils de la jolie et tendre Augustine et de Joseph, instituteur de l’école laïque ayant comme mission d’inculquer aux petits Français la morale et les valeurs républicaines, Marcel vit heureux à Marseille, où son père est nommé instituteur, choyé par ses parents, sa tante Rose et son oncle Jules. En 1904, Joseph et l’oncle Jules annoncent à la famille qu’ils ont loué une villa, au-delà du petit village de la Treille  pour y passer le temps des vacances. Pagnol en parlera dans La Gloire de mon père  : «Alors commencèrent les plus beaux jours de ma vie. La maison s’appelait La Bastide Neuve mais elle était Neuve depuis bien longtemps».  Il s’agit d’un événement capital dans la vie de Pagnol car dans ce lieu enchanteur et enchanté le petit Marseillais et son frère Paul arpenteront les collines et découvriront la vraie liberté. «Ici, le bonheur coulait de source, simple comme bonjour».

 Marcel Pagnol raconte dans les trois volumes qui composent son autobiographie (La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps des secrets) son enfance et son adolescence provençales.


Quand on ouvre la Gloire de mon père, puis le Château de ma mère et le Temps des secrets, on est immédiatement transporté en Provence au milieu des garrigues, des collines, de l'odeur du thym, des cigales, et on entend chanter l'accent du sud... et surtout, on est transporté au siècle dernier : c'était un siècle où l'instituteur était un Monsieur, où les enfants étaient naïfs, innocents et respectueux, un siècle sans télévision, portable ou ordinateur où on partait marcher, chasser,et pique-niquer en costume et jupe longue ! C'était au temps de la troisième République fraternelle et laïque triomphante et Marcel aimait sa maman d'un amour fusionnel...
Cette belle trilogie fait partie de mes premières lectures de collège et reste gravée dans ma mémoire, synonyme d'enfance, de nostalgie, de candeur et de tendresse !

Un petit passage de "La gloire de mon père":
 
" Ce que j’écoutais, ce que je guettais, c’était les mots : car j’avais la passion des mots ; en secret, sur un petit carnet, j’en faisais une collection, comme d’autres font pour les timbres.
J’adorais grenade, fumée, bourru, vermoulu et surtout manivelle : et je me les répétais souvent, quand j’étais seul, pour le plaisir de les entendre.
Or, dans les discours de l’oncle, il y en avait de tout nouveaux, et qui étaient délicieux : damasquiné, florilège, filigrane, ou grandioses : archiépiscopal, plénipotentiaire.
Lorsque sur le fleuve de son discours, je voyais passer ces vaisseaux à trois ponts, je levais la main et je demandais des explications, qu’il ne me refusait jamais. C’est là que j’ai compris pour la première fois que les mots qui ont un son noble contiennent toujours de belles images." 

Un extrait du film:


Quand  ma  mère  allait  au  marché,  elle  me  laissait  au  passage  dans  la  classe  de mon  père qui apprenait  à  lire à  des  gamins  de  six  ou  sept  ans.  Je  restais  assis  au fond,  bien  sage  et  j’admirais  la  toute  puissance  paternelle.

Bien. Un  beau  matin,  ma  mère me  déposa à  ma  place  et  sortit  sans  mot  dire,  tandis que  mon  père...

-Non,  c’est  pas  vrai!

-Qu’est  ce  que  tu  dis?

-Maman  m’a  pas  puni.Tu  n’as  pas  bien  écris.

-Qui  t’a  dit  qu’on  t’avait  puni?


-C’est  écrit là!

-Voyons,  voyons,  tu  sais  lire?

-Oui


-Voyons,  voyons,  mais...  et  bien,  lis!

-La  maman  a  puni  son  petit  garçon qui  n’était pas sage.  Le  papa  est  fier  de  son  petit  garçon  qui  sait  lire.  Ça,  ça  veut  dire  que  tu  m’aimes  bien?

-Tu  n’as  pas  mal  à la  tête?

-Non.

-Quand  a - t-’il  lu  pour  la  dernière fois?

-Hier  matin,  le  couvercle  d’une  boite  de  savon .

-Et  depuis? Rien.

-Et  non. Votre  sœur ne  veut  plus.

-C’est  pour  son  bien.  Vous  allez  lui  faire  exploser  la  cervelle.

-Maman,  j’suis  malade?

-Mais  non.  Reprends  de  la  tarte.

-Une  explosion  cérébrale.  C’est  ridicule,  voyons.

-Je  ne  veux  plus  que  Marcel  rentre  dans  une  classe  ni  même  ouvre  un  livre  avant  l’âge  de  six  ans.  Laissez-le  encore  un  peu  faire  l’enfant.





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