"Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers"
( Garlaban, c'est une énorme tour de roches bleues, plantée au bord du
plan de l'Aigle, cet immense plateau rocheux qui domine la verte vallée
de l'Huveaune.)
C’est par ces images que Marcel Pagnol
commence ses Souvenirs d’enfance.
Si l’on veut comprendre son œuvre, il faut d’abord étudier son enfance et
marcher sur les pas du petit Marcel dans les paysages de la Provence dont il a
su capturer l’essence profonde et la beauté de son âme paysanne.
Marcel Pagnol naît le 28 février 1895 à
Aubagne, près de Marseille. Fils de la jolie et tendre Augustine et de Joseph,
instituteur de l’école laïque ayant comme mission d’inculquer aux petits
Français la morale et les valeurs républicaines, Marcel vit heureux à
Marseille, où son père est nommé instituteur, choyé par ses parents, sa tante
Rose et son oncle Jules. En 1904, Joseph et l’oncle Jules annoncent à la
famille qu’ils ont loué une villa, au-delà du petit village de la Treille pour y passer le temps des vacances. Pagnol en parlera dans La Gloire de mon père : «Alors commencèrent les plus beaux jours de
ma vie. La maison s’appelait La Bastide Neuve mais elle était Neuve depuis bien
longtemps». Il s’agit d’un événement capital dans la vie de Pagnol
car dans ce lieu enchanteur et enchanté le petit Marseillais et son frère Paul
arpenteront les collines et découvriront la vraie liberté. «Ici, le bonheur coulait de source,
simple comme bonjour».
Marcel Pagnol raconte dans les trois volumes qui composent son
autobiographie (La Gloire de mon père, Le Château de ma mère, Le Temps
des secrets) son enfance et son adolescence provençales.
Quand on ouvre la
Gloire de mon père, puis le Château de ma mère et le Temps des secrets, on est
immédiatement transporté en Provence au milieu des garrigues, des collines, de
l'odeur du thym, des cigales, et on entend chanter l'accent du sud... et
surtout, on est transporté au siècle dernier : c'était un siècle où
l'instituteur était un Monsieur, où les enfants étaient naïfs, innocents et
respectueux, un siècle sans télévision, portable ou ordinateur où on partait
marcher, chasser,et pique-niquer en costume et jupe longue ! C'était au temps
de la troisième République fraternelle et laïque triomphante et Marcel aimait
sa maman d'un amour fusionnel...
Cette belle trilogie fait partie de mes premières lectures de collège et reste gravée dans ma mémoire, synonyme d'enfance, de nostalgie, de candeur et de tendresse !
Cette belle trilogie fait partie de mes premières lectures de collège et reste gravée dans ma mémoire, synonyme d'enfance, de nostalgie, de candeur et de tendresse !
Un petit passage de "La gloire de mon père":
" Ce que j’écoutais, ce que je guettais, c’était les mots : car j’avais la passion des mots ; en secret, sur un petit carnet, j’en faisais une collection, comme d’autres font pour les timbres.
J’adorais grenade, fumée, bourru, vermoulu et surtout manivelle : et je me les répétais souvent, quand j’étais seul, pour le plaisir de les entendre.
Or, dans les discours de l’oncle, il y en avait de tout nouveaux, et qui étaient délicieux : damasquiné, florilège, filigrane, ou grandioses : archiépiscopal, plénipotentiaire.
Lorsque sur le fleuve de son discours, je voyais passer ces vaisseaux à trois ponts, je levais la main et je demandais des explications, qu’il ne me refusait jamais. C’est là que j’ai compris pour la première fois que les mots qui ont un son noble contiennent toujours de belles images."
Un extrait du film:
Quand ma mère allait au
marché, elle me laissait au passage
dans la classe de mon père qui apprenait à lire à des
gamins de six ou sept ans. Je
restais assis au fond, bien sage et
j’admirais la toute puissance paternelle.
Bien. Un beau matin, ma mère me
déposa à ma place et sortit sans mot
dire, tandis que mon père...
-Non, c’est pas vrai!
-Qu’est ce que tu dis?
-Maman m’a pas puni.Tu n’as pas bien écris.
-Qui t’a dit qu’on t’avait
puni?
-C’est écrit là!
-Voyons, voyons, tu sais lire?
-Oui
-Voyons, voyons, mais... et bien,
lis!
-La maman a puni son petit garçon qui n’était pas sage. Le papa est fier de son petit garçon qui sait lire. Ça, ça veut dire que tu m’aimes
bien?
-Tu
n’as pas mal à la
tête?
-Non.
-Quand a - t-’il lu pour la
dernière fois?
-Hier matin, le couvercle d’une
boite de savon .
-Et depuis? Rien.
-Et non. Votre sœur ne veut
plus.
-C’est pour son bien. Vous
allez lui faire exploser la cervelle.
-Maman, j’suis malade?
-Mais non. Reprends de la tarte.
-Une explosion cérébrale. C’est
ridicule, voyons.
-Je ne veux plus que Marcel
rentre dans une classe ni même ouvre
un livre avant l’âge de six ans. Laissez-le encore un peu faire
l’enfant.
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